Labiaplastie : la chirurgie pour les lèvres de la vulve trop grandes
Avec la mode de l’épilation intégrale, les femmes veulent avoir des vulves parfaites, avec des petites lèvres vaginales qui ne dépassent pas. La nymphoplastie ou labiaplastie consiste à réduire leur taille. En quo ça consiste ? Pourquoi le faire ? Quels résultats ? Complications ? Prix ?
Définition
La nymphoplastie (aussi appelée labiaplastie ou labioplastie en référence au terme anglais labiaplasty) consiste à réduire la taille des petites lèvres du vagin, par souci esthétique ou fonctionnel. C’est une opération qui a explosé aujourd’hui, avant on n’en faisait très peu, explique le docteur Diba Abrar, médecin gynécologue spécialisé dans la chirurgie intime. En effet, avant, la vulve était cachée par les poils, donc les petites lèvres ne se voyaient pas. Depuis l’explosion de l’épilation (on est passé du maillot simple au ticket de métro, et maintenant à la vulve complètement épilée) cette partie intime est dévoilée. Quand les petites lèvres sont trop longues, mal formées ou que l’une est plus grande que l’autre, cela gêne certaines femmes qui deviennent complexées. Ce n’est pas une maladie, mais une petite ingratitude de la nature. Les femmes, aujourd’hui, veulent que les petites lèvres restent dans la fente vulvaire et ne dépassent pas des grandes lèvres, détaille-t-il. De plus, des lèvres hypertrophiques (trop longues) peuvent se coincer dans les sous-vêtements. C’est véritablement une demande de la patiente, ce n’est jamais le mari qui la pousse à se faire opérer, c’est elle-même qui est gênée par ce problème. C’est à la fois une mode, et à la fois une nécessité : elle le fait pour elle-même, pour se sentir mieux, insiste le spécialiste.
Indication
Parfois, plus qu’un problème esthétique, une taille importante des petites lèvres peut entraîner un problème fonctionnel : cela peut faire des bosses sous des pantalons serrés ou des petits plis en maillots de bain, ou encore devenir gênant en portant des strings. Cela peut même devenir handicapant : À cause de la taille de leurs petites lèvres, ces patientes ne peuvent pas faire certains sports : équitation, aviron… Et parfois, au moment des rapports, les lèvres peuvent se retourner et être aspirées dans le vagin, ce qui est très douloureux, ajoute-t-il. Environ 20% des femmes se font donc opérer pour des problèmes fonctionnels et non esthétiques, selon le docteur.
En quoi consiste une labiaplastie ?
La labiaplastie consiste donc à réduire les petites lèvres qui seraient trop protubérantes, avec un protocole précis à respecter. Dans les petites lèvres, il y a deux zones : une zone muqueuse et une zone cutanée. La zone cutanée, on peut l’enlever, cela ne pose aucun problème pour les rapports, explique le médecin. Mais il ne faut surtout pas toucher la zone muqueuse. On passe donc deux ou trois millimètres au-dessus de cette zone, appelée ligne de Hart, détaille-t-il. L’intervention se faisait initialement au laser, mais il existe d’autres techniques. Personnellement, j’utilise une pointe Colorado, qui coupe de façon très précise sans brûler la peau et sans abîmer la lèvre restante.
Comment se passe l’opération
Avant l’opération, le médecin rencontre la patiente : Je lui explique le déroulement de l’intervention dans les détails, ainsi que les instructions avant, pendant et après l’opération./em> La patiente doit donc avoir toutes les clés en main et être parfaitement informée de ce qu’elle s’apprête à faire. Si jamais elle souhaite changer d’avis, il y a bien évidemment un délai de réflexion de 15 jours, comme pour toute chirurgie esthétique. Le jour de l’opération, le médecin opère en bloc opératoire. Le docteur Diba Abrar pratique une rachianesthésie (seul le bas du corps est anesthésié, la patiente est encore consciente) mais d’autres médecins peuvent utiliser une autre technique, comme l’anesthésie locale. L’intervention dure en moyenne une heure, mais cela dépend aussi de l’importance de la nymphoplastie. La patiente peut ensuite sortir le soir même.
Une opération douloureuse ?
Ce n’est pas particulièrement douloureux, en général, on donne des médicaments du premier degré, comme le paracétamol, et souvent cela suffit. J’estime qu’environ 2 à 10% des patientes ont besoin d’un antalgique au deuxième degré, comme le tramadol, explique le spécialiste.
Suites opératoires
Il est très important de bien suivre les recommandations à la suite de l’intervention. En effet, le vagin est un endroit chaud et humide, donc les microbes peuvent rapidement se développer, insiste le médecin. Il y a donc des instructions précises aux patientes sur la manière de prendre soin des points :
- Il faut que ça soit très propre. Les patientes doivent donc se laver avec un savon moussant, rincer, et bien sécher en utilisant une compresse, associée à un produit comme le Cicalfate.
- Pour que les points tiennent, le plus important reste de bien sécher la zone et de l’envelopper dans une compresse stérile. Dans les jours qui suivent, le repos est de mise et le travail vivement déconseillé pendant quelques jours. Pendant trois à six semaines suivant l’opération (le temps d’une bonne cicatrisation), la pratique d’activités sportives, les rapports sexuels, le port de vêtements serrés et les bains sont contre-indiqués.
Complications et risques
Il arrive qu’il y ait des échecs de labiaplastie, qui sont terribles pour les patientes. J’ai déjà opéré des patientes qui ont eu une mauvaise labiaplastie avec un autre praticien. Avec la technique que j’utilise, qu’on appelle longitudinale, il y a normalement très peu d’échecs, ajoute-t-il. Il faut donc bien choisir qui va faire l’opération : le médecin doit avoir suivi une formation spécialisée dans cette forme de chirurgie et avoir une certaine renommée. En dehors des risques liés à l’anesthésie, les complications peuvent être des saignements, des hématomes, des infections ou une mauvaise cicatrisation : Même si les points lâchent, normalement la cicatrisation suit son cours. Mais si la patiente suit les instructions, il est très rare qu’ils ne tiennent pas, précise le médecin.
Contre-indication
Il n’y a pas de grosses contre-indications à cette opération, si ce n’est les contre-indications classiques d’une opération chirurgicale (problèmes de coagulation, allergie à un produit anesthésiant, antécédent de phlébite ou d’embolie pulmonaire, la prise d’aspirine avant l’opération). Le tabac peut également retarder la cicatrisation et la guérison. Il est évident que tout cela doit être abordé avec le médecin dans la première consultation : la patiente ne doit pas hésiter à poser toutes ses questions. Le médecin se doit aussi de vérifier si ce n’est pas une demande excessive, relève le médecin.
Prix et remboursement
Dans certains cas, cette opération peut être en partie prise en charge par la Sécurité sociale, mais c’est une prise en charge très faible par rapport au prix total et aux dépassements d’honoraires. Les prix de la labiaplastie peuvent être en effet très élevés, en fonction du coût de l’anesthésie, de la clinique, du praticien… Un devis sera bien évidemment donné bien avant l’opération.
Journaliste : Justine Ferrari
Publié le 14/08/19 18:03 sur Le Journal des Femmes